Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/239

Cette page n’a pas encore été corrigée
237
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Jusqu’au matin du jour suivant, elle s’y excita. Quelque chose en elle résistait. Avant qu’une barque échouée au port ne glisse sur le flot, un instant, de sa quille, elle déchire le sable. Puis, quel prétexte invoquerait-elle pour partir si vite ? Justement, à huit heures, elle reçut une lettre. C’était, ou jamais, l’occasion. Elle feignit de la lire en s’y absorbant, secoua la tête et dit à Marc d’un air dégagé :

— La santé de grand-père me tourmente un peu… Décidément, il va falloir que je quitte Paris !

— Pas pour longtemps, je suppose bien !

— Pour toujours, peut-être.

— Hein ? fit-il, comme frappé d’incompréhension.

— Cela t’étonne ? Oui, reprit-elle, que je quitte Paris ! Ce n’est pas d’aujourd’hui que j’y pense, mon loup !

— Mais, pourquoi faire ? demanda-t-il.

— Mon devoir ! dit-elle. À l’âge qu’il a, rhumatisant, goutteux comme il l’est, ton grand-père ne peut plus circuler beaucoup. D’autre part, tu sais bien qu’il ne voit personne. Les journées sont longues quelquefois ! Quand il m’aura, sa vie courante le fatiguera moins.

— Alors, Marie-Thérèse ?

— Je l’emmènerai.

— Eh ! bien, et moi ?

— Toi, tu es grand ! Toi, tu es un homme ! Toi, tu n’as plus, de ma présence, un besoin constant ! Ton grand-père, il se peut qu’il s’en aille bientôt. Je m’arrangerai pour te trouver un appartement et tu poursuivras tes études.