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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

d’une pointe de couteau, puis, retrouvant assez d’empire pour dompter ses nerfs, fit l’effort de s’asseoir sur une chaise voisine.

Aucune peinture ne rendrait bien la nuit qu’elle passa. Suppliciée, peut-on dire, et de toutes manières. Jusque-là, ses alarmes avaient été vives, mais elle n’avait considéré dans son affreux mal qu’un accident qui, de lui-même, guérirait un jour. À la faveur de la pensée qu’elle venait d’avoir, elle en découvrit l’étendue. Ses regards s’y perdirent sans en voir le fond et, qui pis est, elle en vint vite à l’imgainer brusquement converti en infâmes délices. De la minute où son esprit, battant la campagne, rencontra ce piège monstrueux, où, l’ayant reconnu, il s’y engagea, ce qui, d’abord, n’avait été qu’une torture morale se compliqua de telles épreuves qu’à les endurer elle criait son effroi plus que son plaisir. Sous la réserve à peine sensible observée chez Marc, elle avait deviné ce besoin d’une femme plus impérieux, à dix-neuf ans, que l’amour d’aucune. Par avance, il souhaitait celle qui s’offrirait. « Moi comme une autre, aussi bien moi ! » gémissait Hélène, parfaitement sûre que la caresse un instant rêvée n’aurait causé à son beau-fils aucune répulsion. Elle le voyait s’y complaisant, l’œil encore stupide. Puis leurs audaces s’entr’excitaient comme des chiennes qui jouent, leurs mains se fermaient sur des proies, leurs bouches fiévreuses, réciproquement, se désaltéraient et, balbutiant moins de surprise que d’éblouissement, ils glissaient à des joies vraiment démoniaques. Veut-on croire