Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée
228
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

s’entrouvrait, comme, vingt mois plus tôt, quand le souci de le former intellectuellement avait occupé sa belle-mère, bien que, sans doute, avec un zèle et une franchise moindres. Quelquefois, sa disgrâce le tourmentait trop. Alors, blessé par l’enjouement d’une sollicitude qui n’en pouvait faire aucun cas, il n’était pas sans témoigner des caprices d’humeur. Mais ces derniers étaient, en somme, relativement rares. Son attitude la plus courante, à défaut d’entrain, respirait la douceur et la complaisance.

Hélène avait le cœur trop lourd pour demander plus. Un clin d’œil, un sourire, une curiosité, un simple mot qui sonnât clair et parût senti la payait largement du plus grand effort. Elle en tirait la certitude du retour de Marc à son insouciance d’autrefois. Le plus souvent, leurs entretiens naissaient d’une lecture, ou bien alors d’une anecdote que puisait Hélène dans son existence de jeune fille. En tâtant son beau-fils pour le mieux manier, elle avait remarqué qu’il s’intéressait à cette figure depuis longtemps évanouie d’elle-même, comme il l’eût fait, si le conteur avait su s’y prendre, à quelque chronique d’un autre âge. Les petites mœurs d’une petite ville pleine de traditions avaient pour lui le même piquant et la même saveur qu’un récit de la vie au xive siècle. Or, Hélène, sur ce point, ne tarissait pas. On l’eût surprise en lui disant qu’elle s’y passionnait, s’ouvrant à Marc comme une jeune femme folle de son mari, qui veut lui montrer tout son cœur. Ambitieuse moins de plaire que de persuader et, principalement, d’attendrir, sa voix prenait de