Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée
207
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

beauté. À son âge, une visite que l’on n’attend pas est toujours, je suppose, une mauvaise surprise ! » Quelques minutes passèrent encore. « C’est plutôt la peur ! » Subitement, une pensée qui la terrifia : « Et si elle s’esquivait ? Si elle filait ? Moi dans cette pièce, elle dans la rue, serais-je assez jouée ! En admettant que, d’où je suis, on entende la porte, l’escalier de service est toujours ouvert ! » Tourmentée du besoin d’éclaircir ses craintes, elle fit deux pas vers le bouton d’un timbre électrique, se disposant à réclamer Mme Aliscan. À cet instant même, elle entrait.

Les deux femmes se saluèrent d’un signe de la tête. Puis Hélène dit, avec l’accent rigoureusement froid qu’elle réservait ordinairement à ses domestiques :

— J’espère, madame, si ma visite vous étonne un peu, qu’elle n’a pas le pouvoir de vous intriguer.

Devant elle, on ne fit qu’élever une main, et une voix douce interrogea, non sans inquiétude :

— Apportez-vous ici, madame, de mauvaises nouvelles ?

La liberté de cette parole gêna la jeune femme.

— Marc, fit-elle, est entré en convalescence. Un peu de grippe (elle hésita), rien de bien sérieux… Au surplus, coupa-t-elle, vous êtes au courant ! Mais la santé physique de Marc n’est pas en question. C’est d’une autre chose qu’il s’agit !

— Expliquez-vous ! dit sans faiblesse Mme Aliscan.