Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée
204
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pour qu’il n’en restât aucune trace. « Marc, après tout, n’est qu’un enfant qui se laisse conduire, c’est avec cette coquine que je m’expliquerai. Si j’avais eu plus d’énergie, » se répétait-elle, « nous n’en serions pas où nous sommes ! » Plus aigu que jamais pour s’être éclipsé, ressuscitait dans ce fier cœur proche du désespoir le goût natif de l’avantage acquis par violence. Un feu sombre anima le regard d’Hélène. À cette minute où la colère refoulait en elle ce qu’il y traînait d’angoissé, si Mme Aliscan s’était trouvée là, elle se serait jetée sur elle comme une femme du peuple. L’empoigner, la secouer, lui porter des coups, la blesser dans cette chair qui convoitait Marc sans mesurer le ridicule de ses illusions l’aurait payée de ses souffrances mieux que mille sarcasmes et plus complètement allégée. « J’éviterai, » pensa-t-elle, « mais qu’elle ne bronche pas ! Au premier mot impertinent, elle reçoit deux gifles !… Et il faudra qu’elle se surveille, » reprit-elle tout haut, « pour se contenir jusqu’au bout, car ce que j’ai à lui servir manque de gracieuseté et je n’y mettrai aucune forme ! » En regardant à côté d’elle une petite pendule, la jeune femme constata qu’elle marquait midi. L’heure du déjeuner approchait. Se pouvait-il qu’elle touchât presque à la délivrance ? Elle se leva, fit sa toilette, se polit les ongles et revêtit avec le soin le plus minutieux la moins éclatante de ses robes.

Le repas lui parut étonnamment bref. De temps en temps, ses beaux yeux verts se posaient sur