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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

maussade si ce n’était à l’inquiétude que lui inspirait le silence absolu de sa gourgandine ? « Il est si faible et si facile ! » se disait Hélène. « Reconquis, l’autre jour, après une dispute, il se sera séparé d’elle sur de belles promesses, et aujourd’hui, comme de raison, il trouve surprenant qu’elle ne lui donne pas signe de vie. » Subitement, une pensée qui la fit pâlir : « Mais où avais-je la tête ? Mais suis-je donc folle ? Il est debout, il va sortir, il la reverra ! À ses reproches, elle répondra qu’elle lui a écrit, et alors, moi-même… » Elle tremblait. La légèreté de sa conduite et ses suites probables se présentaient à son esprit pour la première fois. Sous ses yeux éblouis se creusait un gouffre. Marc était devant elle, au bord du divan, et, bien que proche de sa personne, toujours absorbée, à pouvoir de sa place lui toucher l’épaule, elle le voyait à une distance qui lui donnait froid, tant elle sentait se fortifier l’impression cruelle qu’elle ne pourrait plus la réduire. De deux choses l’une, ou, sous le coup de l’indignation, il flétrirait ouvertement son vil procédé, ou, par défaut de caractère, il se contiendrait et le verdict de sa conscience, dans ce dernier cas, ne serait que plus dur et que plus terrible. C’était pour elle, de toute manière, son mépris certain, et sa haine, peut-être, assurée. Pis encore, l’éloignement qui en découlerait lui ferait rechercher Mme Aliscan. « Où descendrai-je ? Que deviendrai-je ? » se disait Hélène, trop femme, au fond, pour ignorer les perfides ressources des vengeances conduites par son sexe. « Lorsque,