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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

c’étaient les mots de typhoïde et de diphtérie, choisis par elle, dans son angoisse, comme les plus sinistres, qui donnaient seuls un aliment à toutes ses pensées. Celles-ci, d’ailleurs, tournaient si vite, la menaient si loin, qu’à peine leur proie, prise d’épouvante, elle se raidissait pour tenter d’échapper à leur sortilège. Il lui fallait absolument un dérivatif. Elle le cherchait dans un peu d’ordre à mettre autour d’elle ou la confection d’une tisane. Marc disait quelquefois qu’il se sentait mieux. Alors, surprise, le cœur gonflé par cette belle aumône d’une reconnaissance de pauvresse, elle saisissait une de ses mains sous la couverture et elle la baisait tendrement.

Les premiers jours, des pneumatiques, des dépêches, des lettres étaient arrivés coup sur coup. La jeune femme, sans les lire, les avait brûlés, et l’on peut croire qu’elle n’avait eu, pour agir ainsi, à user d’aucune réflexion. La maladie de son beau-fils lui donnait des droits que, dans le for de sa conscience, elle estimait justes et tenait toujours pour les siens, mais se fût fait en temps normal un scrupule de prendre. Au surplus, n’était-ce pas une question d’hygiène ? En détruisant avec méthode cet affreux courrier, elle se bornait à observer la conduite d’une mère qui, regardant sous un ombrage dormir son enfant, écarte de lui les moustiques. Nul plaisir de vengeance ou de taquinerie n’avait, chez elle, accompagné ces exécutions. Elle les avait faites sans colère.

Moins d’une semaine après la date des premiers