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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

mal de tête en allant au lit. Elle se garda d’y témoigner le moindre intérêt.

Le jour suivant, à son réveil, il souffrait encore, et non seulement de cette migraine, mais d’un peu d’angine et d’une courbature générale. La chaleur de ses membres accusait la fièvre. Hélène, venue à son chevet déjà tourmentée, sentit grandir son inquiétude lorsqu’au thermomètre elle constata que le mercure dépassait trente-neuf. Le docteur fut mandé précipitamment. Il accourut, ne cacha pas qu’il était soucieux, ordonna des ventouses et des compresses froides. C’était un homme dont les scrupules sortaient du commun. Il pensait bien n’avoir affaire qu’à une forte grippe, mais pourtant refusait de se prononcer.

La période indécise dura plusieurs jours. Hélène les vécut dans les transes. Dès que s’étaient manifestés des symptômes sérieux, tous les griefs qu’elle nourrissait avaient disparu sans laisser dans son cœur la plus pâle empreinte. Couchée tard dans la nuit et levée à l’aube, elle n’était plus, auprès de Marc, qu’une tendresse ardente et un dévouement sans limite. Malgré le peu de vraisemblance qu’offrait, à son dire, l’hypothèse d’un mal contagieux, le docteur, par prudence, avait exigé qu’elle adoptât, jusqu’à la fin de l’observation, la blouse et la coiffe d’infirmière. Son âme était pure comme ces voiles. Dans les regards méditatifs qu’elle posait sur Marc, rien ne brillait que le désir d’arracher son nom à la fièvre maligne qui le consumait. Lorsqu’à bout d’endurance elle fermait les yeux,