Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée
195
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

mais qui jetait dans sa poitrine un trouble assez vif avait un rythme, une consistance et une chaleur douce qui l’apparentaient au plaisir. Relancé d’une façon plutôt mortifiante, Marc, d’après elle, allait servir à sa vieille maîtresse quelques vérités essentielles. C’était, en somme, un nouveau pas vers le dénouement. S’approchant d’une croisée qu’elle ouvrit un peu et prenant soin de n’exposer de son visage même que ce qu’il fallait pour bien voir, elle aperçut devant la porte un fiacre en station. Quand son beau-fils y fût monté, la voiture partit. Hélène, d’abord, l’accompagna discrètement des yeux sans bouger de l’endroit où elle s’était mise, puis se pencha, fit un effort, la vit disparaître et, tout à coup, prise de faiblesse, les mains molles et moites, se laissa choir dans un fauteuil placé derrière elle avec un sanglot convulsif. Elle ne pouvait, à cette minute, supporter l’idée de Marc assis contre la femme qu’elle abominait dans le cadre intime d’une voiture. Quelle influence allait avoir cette proximité sur ses sentiments immédiats ? Si encore ses manières l’avaient rassurée ! Mais il avait congédié l’homme, un instant plus tôt, sans donner aucun signe de mauvaise humeur et, sous cet air indifférent qu’il prenait si bien, n’était-ce pas fiévreusement qu’il s’était vêtu pour aller retrouver Mme Aliscan ? Hélène était à son côté dans le vestibule. « Positivement, » réfléchit-elle, « il semblait heureux, sa physionomie rayonnait ! » Pour étrangère qu’elle fût restée à la vie des sens, elle s’avisait qu’un