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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pondance, avait réduit progressivement presque à rien la sienne, Marc n’écrivait, pour ainsi dire, jamais aucune lettre et n’en recevait que fort peu. Un soir, pourtant, un pneumatique arriva pour lui. Du modèle azuré que fournit la poste, il ne frappait extérieurement par aucun détail, mais l’écriture qu’on y voyait semblait contrefaite. La jeune femme le nota en l’apercevant. « C’est de cette horreur ! » pensa-t-elle. À l’instant, le dépit lui secoua les nerfs et, saisissant sur le plateau l’insolente dépêche, elle faillit ou l’ouvrir ou la déchirer. Mais, soudain, son humeur prit un cours plus doux. Elle s’avisait que, puisque Marc n’était pas rentré (retenu à l’École, jusque vers six heures, par une conférence importante, avait-il annoncé avant son départ), il fallait inférer de ce télégramme, en premier lieu, que le motif invoqué par lui ne recouvrait aucune raison qu’il ne pût avouer, en second lieu, que sa maîtresse avait dû l’attendre et, sur la fin de la journée, ne l’ayant pas vu, s’était décidée à écrire. Conclusion qui prêtait à un développement. Peu d’apparence que, de sang-froid, sur un seul faux-bond, sans même savoir si quelque rhume ne l’expliquait pas, elle se fût résolue à cette imprudence. C’était plutôt la tentative d’un esprit troublé, le premier trait du désespoir causé dans un cœur par des déceptions successives. L’hypothèse reposait sur un fond sérieux. Hélène s’en fit une certitude dont elle se réjouit.

Une heure plus tard, dans le salon, sous une des