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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

trait nulle traverse, sa seule humeur, son seul caprice réglait tout chez elle. Les goûts d’autrui devaient par force épouser les siens et, persuadée qu’en exigeant cette soumission d’eux elle les éclairait sur eux-mêmes, elle se voulait, dans sa maison, maîtresse exclusive. Sans réfléchir, par le seul jeu du désir de plaire, elle s’y effaça derrière Marc. Il en devint le personnage et l’arbitre admis. Quantité d’arrangements conformes à ses vues dont, jusque-là, elle ne s’était un instant souciée que pour refuser d’y souscrire, se trouvèrent faits un peu partout comme par enchantement. Deux lampes chinoises furent installées dans des coins trop nus et certaines tentures remplacées. Il souhaitait plusieurs livres et elle les acquit. Sa cuisinière était une fille sans grande invention pour qui soigner cinq ou six plats, constamment les mêmes, représentait le dernier mot de la variété et qui, lorsque d’une crème au rhum, entremets classique, elle passait d’aventure à une crème au kirsch, se demandait si quelque dieu, caché dans son four, n’allait pas en jaillir pour l’exterminer. Elle se mit sur son dos, puis la congédia dès qu’un essai l’eût assurée que d’aucune manière elle n’obtiendrait rien de cette buse. La nouvelle fut choisie dans les cordons bleus. Le questionnaire qu’à son entrée elle subit d’Hélène se rapportait aux gourmandises que préférait Marc. Lorsque la preuve eut été faite qu’elle y excellait, le surplus de sa science parut négligeable.

Comme sa belle-mère qui, détestant la corres-