Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée
168
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

versait sans parvenir à se fixer dans une direction, la terrible impatience qui grondait en elle lui inspirait les mille mesures qui soutiennent la crainte et demeurent sans effet sur la certitude. C’était un peu comme une revanche de ses intentions sur son manque total d’énergie. À chaque retour de son beau-fils, lorsqu’il l’embrassait, elle promenait sur sa cravate un regard méfiant, elle s’attardait à respirer son visage tendu, tâchant d’y surprendre une odeur, Mais le nœud d’une cravate peut se rectifier et les parfums ne laissent pas tous une odeur tenace. Un seul moyen, surveiller Marc à travers Paris, aurait donné, songeait Hélène, rapidement naissance à un résultat non douteux. Cependant, elle tremblait à l’examiner. Entre le Marc suivi par elle moins d’un an plus tôt et celui qu’à cette heure il faudrait surprendre, la différence lui paraissait à tel point frappante que c’était comme celle de deux êtres. L’appréhender par une oreille dans le Luxembourg n’avait été, lui semblait-il, qu’exercer un droit, tandis qu’épier résolument ses mœurs d’aujourd’hui excédait, à ses yeux, ses attributions. Dans les moments où l’inquiétude la tourmentait trop, le dessein, malgré tout, cheminait en elle. Sa détresse y puisait un peu d’apaisement, avant qu’un tour de son esprit me l’eût écrasé, ainsi qu’une ressource interdite.

Il prit une forme inattendue un jour de l’hiver. Hélène, passant, l’après-midi, dans une rue du centre, remarqua, sur un mur, une immense affiche,