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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

autre, importune et tenace comme une mauvaise mouche. Même aux accents du Dies Iræ, qu’entonnèrent les chantres avec autant d’incompétence que de détachement, elle ne put se flatter d’une complète fusion dans le souvenir de Michel. Ses pleurs coulaient, dans sa poitrine soufflait une tempête, tout le poids du grand hymne accablait sa nuque et, par éclairs désordonnés, elle revoyait Marc se penchant sur l’épaule de sa vieille danseuse. Elle avait beau se répéter que c’était indigne, l’instant d’après, du fond d’elle-même, ces deux figures liées revenaient traverser la figure du mort. Pour se sentir provisoirement enfin délivrée de cette obsession révoltante, il lui fallut le choc sans nom de la mise en terre. Alors, brisée, elle sanglota. Marc, aussi, pleurait.

De la dizaine d’alliés et proches dans le cœur de qui avait pu retentir la mort de Michel, le plus atteint était sans doute le comte de Kerbrat. Persuadé que sa fille souffrait cruellement, il ne prit que le temps, les obsèques finies, de boucler une vieille malle dont les panneaux jouaient et s’en fut à Paris par le premier train. L’excellent homme voulait qu’Hélène, dans son affliction, retrouvât, au besoin, pour s’y engourdir les bras puissants et délicats qui l’avaient bercée. Son arrivée fut accueillie presque avec transport. La jeune femme, que rongeait une sombre amertume, vit dans son père l’unique personne de son entourage dont l’attachement et la tendresse ne l’eussent pas déçue. Elle se souvint du différend qui, trois