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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

de son père. D’autres fois, il pensait : « Je dois être un monstre ! »

Ce fut l’idée que, subitement, prit Hélène de lui dans le wagon qui les portait, sous un ciel brumeux, par un jour de novembre étonnamment jaune, vers l’humble coin du Finistère, sans nom sur la carte, où la dépouille du commandant allait reposer. Le corps avait quitté Marseille, traversait la France, progressait vers le lieu de sa sépulture, la jeune femme y songeait dans le recueillement et l’émotion d’imaginer une tombe grande ouverte au point précis d’intersection de leurs deux parcours lui causait une souffrance chaque minute plus vive. Elle leva les paupières et regarda Marc. Il contemplait le paysage du même air tranquille qu’un officier de cavalerie assis à sa gauche et, tout à coup, fit à sa sœur un signe de gaieté en lui montrant des animaux dans un pâturage. Hélène, blessée dans son chagrin, détournait les yeux lorsqu’à la suite d’une réflexion de Marie-Thérèse, elle l’entendit rire presque haut. « Quelle indifférence ! » gémit-elle. « Nous irions en Bretagne pour notre agrément qu’il n’aurait pas dans sa conduite plus de liberté. Plaisante-t-on à la veille d’enterrer son père ? » Assourdie et bercée par le bruit du train, elle concentrait sur ces dix mots son indignation lorsqu’il se fit dans ses pensées comme un déchirement. Une image détestée venait d’y surgir. « Que je suis sotte ! C’est cette coquine ! Il ne voit plus qu’elle. Tout son cœur nous est pris par une intrigante ! » tels furent les traits