Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée
158
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

au milieu des autres, devait comporter d’abandon. Quand, par hasard, soit qu’elle fût lasse ou d’humeur inquiète, elle se soupçonnait d’en manquer, sa grande taille lui causait un vrai désespoir. Il lui semblait qu’un corps menu se gouvernait mieux.

Pour le reste, elle vivait sans profondes alarmes. Le raisonnement avait fini par dompter chez elle certaines impulsions trop nerveuses et l’habitude de les noter lui rendait moins vifs les symptômes qui, d’abord, l’avaient affolée. Que Marc dansât avec une femme ou avec une autre, il s’agissait, au demeurant, d’un plaisir si bref que, soutenue par l’opinion qu’elle avait d’elle-même, elle n’y prêtait guère attention. Dans des rapports noués publiquement et dénoués d’office sur une dernière phrase de l’orchestre, qu’importait quelque trouble observé chez lui ? L’enchantement consommé, rien n’en subsistait. N’avait-elle pas la certitude, dans une heure ou moins, de le posséder sans partage ?

Cette perspective l’entretenait en parfaite confiance. Bien souvent, un sourire lui pinçait la bouche, tant ses craintes de naguère lui paraissaient vaines.

Ce fut ainsi jusqu’à la fin d’une journée pluvieuse où, ses regards s’étant portés vers une dépendance que séparait de la grande salle une double portière, à la faveur d’un jeu de glaces, elle aperçut Marc qui baisait l’épaule de Mme Aliscan.