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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

— Ce n’est pas tout ! déclara-t-il. Non, ce n’est pas tout ! Je vais encore vous ennuyer, mais ce n’est pas tout ! Il n’y a pas que cette question de la société. Sans me croire ni plus fin, ni plus fort qu’un autre, je vois en moi-même assez clair et je sais parfaitement la cause de mon trouble. Surtout, Hélène, prenez ceci sans arrière-pensée, n’allez pas me prêter de la malveillance ! Je dis ce que j’ai sur le cœur. Mon expérience me montre une faute et je crie : casse-cou ! C’est, je crois, mon devoir de chef de famille. Je vous ai vue élever Marc dans l’irréligion sans intervenir entre vous, me donnant pour excuse qu’un homme est un homme et qu’après tout j’en connaissais qui vivaient honnêtes sans un fond solide de croyances. Raison misérable ? Il n’importe ! Elle m’épargnait le gros ennui de vous contrarier. Mais, à présent, ma chère petite, il s’agit d’une fille et les circonstances sont tout autres. Bien des femmes ne sont pas des femmes supérieures et, faute d’avoir naturellement d’assez grandes ressources, elles ont besoin, pour résister, d’un appui moral quand la tentation s’empare d’elles. Laissons même de côté cet argument-là ! Voyons les choses plus étroitement et plus pratiquement ! Croyez-vous sans danger pour Marie-Thérèse, et je veux dire pour son bonheur, son futur mariage, car enfin ces choses-là se préparent de loin, l’impiété systématique dans laquelle elle pousse ? La religion garde chez nous un prestige énorme et vous n’êtes pas sans fréquenter des mères d’une foi tiède qui rou-