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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Inconsciemment, elle se formait à ce nouveau rôle. Elle en prit bientôt tous les tours. Un maquillage, d’abord discret, puis plus accentué, vint remplacer sur sa figure le nuage de poudre qu’elle y dispersait chaque matin. Les cheveux courts prêtaient du charme à cet artifice et le rendaient même nécessaire. Quantité de personnes, dans la salle de danse, loin de cacher à leurs voisines qu’elles y recouraient, le rafraîchissaient publiquement. Hélène, comme elles, eut ses crayons et son démêloir, une glace et du rouge dans son sac. De temps à autre, elle en tirait ces objets intimes et, s’étudiant le coin des yeux, la couleur des lèvres, se servait de chacun comme à sa toilette, suivant l’usage inélégant et presque grossier qu’ont emprunté les femmes du monde aux femmes les plus basses.

Dans ses pensées dépérissait tout esprit critique. Si sa pudeur proprement dite restait sans accroc, tout au plus songeait-elle à la bienséance. Lorsqu’elle dansait, elle s’appliquait, pour complaire à Marc, à rendre molles et languissantes certaines inflexions, se donnant pour excuse qu’elle n’était guère souple et qu’en brisant, même à l’excès sa rigueur native elle ne faisait que se tenir dans la juste note. Ainsi, l’image de sa personne qu’en passant auprès elle ne cessait de rechercher dans le miroir d’angle était l’inverse exactement de l’image d’elle-même qu’autrefois elle aimait qu’il lui renvoyât. Autant celle-ci la réjouissait noble et compassée, autant celle-là, pour la séduire