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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

elle eût fait pis encore qu’à rester en place. Par quelle folie s’était-elle mise dans cet affreux cas momentanément sans issue ?

Ses regards rencontrèrent les regards de Marc. Elle tremblait d’y voir luire la flamme équivoque qui, tout à l’heure, lorsqu’il dansait, l’avait révoltée. Il y régnait la plus complète des indifférences. Alors, se décidant, elle prit la robe et la passa en évitant de tourner vers lui cette poitrine dont l’éclat la désespérait. Puis, d’un mot, tranquillement, elle le congédia.

Il n’avait pas franchi le seuil qu’elle était en larmes. Dans son esprit se comparaient avec cruauté l’attitude du jeune homme envers sa danseuse et sa froideur devant elle-même, blanche et magnifique, en partie offerte à sa vue. Le moindre signe d’une émotion l’aurait accablée, cette froideur l’humiliait et la désolait. N’était-elle pas, sinon l’aveu, la preuve la plus sûre du sentiment dont, avant même qu’il n’en eût conscience, elle avait deviné qu’il naissait en lui ? « Cette fois, » pensait-elle, « il m’échappe ! Une influence contre laquelle je suis désarmée le soustrait à la mienne définitivement. Si j’avais, dans ses yeux, vu paraître un trouble, j’aurais pu le croire pris de cette basse ardeur que sollicite, à l’âge qu’il a, le dernier jupon et tenter un effort pour l’en délivrer. Mais l’expérience vient d’être faite, elle est concluante. Une seule femme compte pour lui, cette vieille femme, qu’il aime ! » Dans l’excès de sa fièvre et de son chagrin, la malheureuse accusait Marc