Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée
143
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pait. Dans tout son corps se répandirent cette gêne et cette glace par où, souvent, nous pressentons l’approche du malheur. Par hasard, en cherchant son beau-fils des yeux, elle l’avait aperçu serrant une danseuse avec qui, plusieurs fois, il s’était montré sans qu’elle y prêtât attention. Et elle venait de s’aviser qu’ils causaient ensemble.

C’était une personne blonde, de taille moyenne, Elle avait la souplesse des femmes très bien faites et, réellement, touchait à peine les lames du parquet. Sa toilette épousait d’assez près la mode, mais conservait un caractère simple et personnel, dû, pour une part, à des manches longues lui couvrant les mains et, pour l’autre, à la ligne pleine de discrétion que dessinait sa robe écaille très peu décolletée. Tout, sur elle, était net, sans une faute de goût. Mais elle portait, contre l’alliance, à l’annulaire gauche, un brillant d’une grosseur peut-être excessive.

Hélène s’agita nerveusement. Ce n’était ni cette femme qui l’avait troublée, ni même, au fond, qu’elle échangeât avec son danseur des propos, sans nul doute, dénués d’importance. C’était la face resplendissante qu’elle voyait à Marc. Un beau sourire au coin des lèvres et le teint fouetté, elle le sentait tout occupé à faire le gracieux, à se conduire non en gamin, mais en vrai jeune homme, pour tout dire, à donner de son personnage une idée flatteuse et durable. Bousculé par un couple au milieu d’un pas, il témoigna de l’impatience, prit un air cassant. Puis, sa figure, encore toute