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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Il rayonna, battit des mains, lui sauta au cou.

— Mais, prends garde ! fit-elle sous ses embrassements. Tu te trompes si tu penses qu’une fois dans la place je souffrirai que tu invites la première venue. Je veux bien te distraire, non t’encanailler. Tu ne danseras qu’avec moi !

Le jeune homme s’attendait à cette condition. Elle relevait, lui semblait-il, d’une prudence moyenne. Ce fut à peine s’il remarqua la chaleur d’accent qu’avait mise sa belle-mère à la signifier. La perspective de retrouver, même abâtardi, le plaisir délicieux qu’il goûtait au bal l’aurait fait passer sur bien d’autres. Pendant trois jours, il n’eut de soins que pour ses cravates.

Une curieuse impression s’empara d’Hélène lorsqu’elle entra, suivie de Marc parfaitement à l’aise, dans le premier des trois salons du Sémiramis, qu’elle savait fréquenté par des gens corrects. Sans la parole qui l’engageait, et qu’elle regretta, elle serait sortie aussitôt. Il lui semblait que, par faiblesse, elle prenait sur elle de guider son beau-fils dans un mauvais lieu. Les parfums, les toilettes, la tiède atmosphère, jusqu’à ces lampes dont la clarté ne se diffusait qu’à travers des étoffes drapées ou tendues, tout ici respirait la sensualité, se composait pour rendre aimables, ou du moins faciles, des accouplements équivoques. Elle éprouva pour sa conduite un dégoût violent et, mesurant le tort moral qu’elle causait à Marc, elle se détesta, elle eut honte. Mais elle s’assit, elle regarda plus attentivement et, tout à coup, ces sentiments