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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Mais sa légère hésitation avait frappé Marc. Avec l’instinct qu’ont les jeunes gens des humeurs d’autrui quand leurs fantaisies sont en jeu, dans le silence de sa belle-mère, puis dans sa réplique, il avait senti poindre un certain regret. Visiblement, il lui coûtait de ne rien pouvoir pour lui donner satisfaction à brève échéance. Son esprit travailla sur cette certitude. Deux jours après, l’air nonchalant, le regard perdu, de son accent le plus timide, il dit à Hélène :

— À propos, petite mère, mon désir de danse… Et si j’avais trouvé tout seul un moyen pratique, sans attendre encore deux grands mois…

Elle fit un bond.

— Le gramophone ? Que j’en achète un ? Ça jamais, mon petit ! Ce serait atroce !

Il indiqua d’un signe de tête qu’elle se méprenait.

— Alors, quoi ? dit-elle.

— Le dancing !

Elle crut avoir mal entendu, puis haussa l’épaule et se mit à sourire, comme d’une plaisanterie. Le mot, d’abord, l’image, ensuite, lui faisaient horreur,

— Oh ! conclut Marc, c’est une idée… Elle vaut ce qu’elle vaut !

— Pas bien cher ! dit Hélène avec enjouement.

Pourtant, la nuit, elle y revint, ne pouvant dormir, et, sans vouloir s’y arrêter, la jugea moins folle. Simplement, audacieuse et peu séduisante. Après tout, maintes jeunes femmes de ses relations se privaient-elles d’aller goûter, avec leurs maris,