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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

au mot Michel, elle opposait Marc, jusqu’au moment où le vieil homme, se laissant conduire, abandonnait son gendre obscur, si loin sur les flots, pour son petit-fils d’adoption. La pudeur, la fierté dissuadaient Hélène de dévoiler le sourd secret, en partie d’alcôve et, pour le reste, inconciliable avec une âme forte, qui faisait d’elle, depuis deux mois, une femme malheureuse. Or, elle savait que, facilement, elle se fût trahie et, d’autre part, n’ignorait point, connaissant son père, quelle n’eût pas été approuvée. Après douze ans d’une vie commune subie sans révolte, un éloignement aussi rapide, aussi capricieux, eût paru méprisable au comte de Kerbrat qui, passionné d’extravagance, mais féru d’honneur et d’une parfaite égalité dans ses attachements, appréciait en Michel un homme sans reproche. Volontiers, sa conscience négligeait les formes. Il aurait mis fort peu d’égards à blâmer sa fille et n’aurait eu pour l’accabler que trop d’arguments. Hélène voyait avec horreur poindre une circonstance où, par sa faute, elle eût perdu la confiance aveugle, peut-être l’estime de son père. Depuis l’époque où, grâce à lui, sa nubilité se livrait au savoir dans un enchantement, elle tenait ces deux biens pour des plus précieux. N’était-il pas tout naturel qu’ils fussent défendus ?

Puis, converser de son beau-fils était une telle joie ! Interrogée sur ses études ou sur ses penchants, elle éprouvait dans tout son être une chaleur très douce, et, stimulée par un éloge, parlait d’abon-