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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

et le commandant la suivit. Devant eux, sur la rade qui éblouissait, quatre navires de guerre, obscurs, semblables, se profilant en file indienne, gagnaient la haute mer.

Hélène était grande, les jambes longues, le buste plein, les bras charnus, les mains blanches et belles, le cou bien fait, quoiqu’un peu fort, les épaules très larges. Ses cheveux étaient noirs et son teint rosé. Sa tête, petite, avec des joues assez rondes du haut, présentait cette noblesse que donne un nez droit prolongeant sans cassure la descente du front. Les yeux étaient de couleur glauque, légèrement obliques et surmontés d’épais sourcils d’une si juste courbe qu’on l’aurait crue faite au pinceau. Leurs regards annonçaient une résolution que démentait une petite bouche grasse et cramoisie, rendue mutine par les fossettes, toujours accusées, que creusait près d’elle chaque sourire. Mais le menton, sans complaisance, musculeux, aigu, renforçait à ce point l’expression des yeux qu’en dernière analyse la physionomie, avec des traits et des contours d’une beauté charmante, surprenait par son air d’opiniâtreté.

Le mari de cette femme d’une allure si noble aurait pu passer pour son père. À la veille de marcher sur quarante-neuf ans, alors qu’Hélène en avait trente depuis quelques mois et, sans fards, sans apprêts, en portait vingt-cinq, s’il conservait dans la tournure une certaine jeunesse due à la maigreur de son corps, à l’abstinence de tout excès, à une vie salubre, il s’en fallait que fût