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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

tapissées d’une herbe abondante, couraient, obliques et capricieuses, sous de beaux ombrages. Marc, habitué à suivre Hélène, s’y montrait docile et n’en éprouvait nul ennui. La vie du monde l’avait mûri et rapproché d’elle. À partager les distractions de sa jeune belle-mère, et à la voir y déployer, depuis qu’elle dansait, une ardeur au plaisir qui valait la sienne, il avait pris le sentiment, pour lui plein d’audace, d’une relative égalité entre leurs personnes. Sa déférence n’en subissait nulle espèce d’atteinte. Tout au plus, si l’on veut, le trahissait-il — et de loin en loin, discrètement, — par une certaine indépendance de langage et d’actes que chez un autre, accoutumé de façon moins stricte, on n’aurait pas même remarquée. Cette apparence de liberté, dans une courtoisie dont toutes les notes sans exception gardaient leur fraîcheur, non seulement complétait sa nouvelle allure, mais s’accordait plus heureusement avec l’âge d’Hélène que de trop timides précautions. Quelquefois, de grands rires les secouaient tous deux. L’écho breton pouvait trouver à s’en offusquer comme d’une insolence parisienne. Plus souvent, ils causaient à bâtons rompus, dans un rapport plein d’harmonie de tout point semblable à l’entretien d’une sœur aînée et d’un très jeune frère. Marie-Thérèse les précédait en jouant au cerceau ou gambadait de l’un à l’autre et tirait leurs bras.

Mais Hélène préférait à ces excursions les promenades faites avec Marc, à l’abri des murs, dans le vaste jardin de l’Amirauté, Là, tout par-