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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pour les aider dans leur développement. La cuisante meurtrissure de son amour-propre en était rendue plus légère. Elle avait l’impression qu’en polissant Marc elle achevait l’unique ouvrage qui, par sa noblesse, pût en partie la justifier de l’indigne union qu’elle avait jadis contractée. Ce sentiment, négligé d’elle dans ses paroxysmes, reprenait à ses yeux une valeur frappante lorsque, rompue d’avoir cédé à l’action des nerfs, elle se retrouvait de sang-froid. Alors, l’espèce d’excitation, le chaud contentement qu’elle éprouvait à goûter Marc comme un élixir suffisait à lui faire oublier Michel. Elle avait une tendance à grandir son rôle. « Mon cavalier ! » se disait-elle, en songeant au monde, avec une nuance de fierté. Son orgueil, sa tendresse demeuraient d’une mère, mais subissaient l’altération qu’y jette à son heure la virilité d’un grand fils. Elle ne pouvait ni s’empêcher de le trouver bien, ni s’abstenir de méditer qu’il était flatteur de paraître avec lui dans une réunion. Mille propos, sur ce point, l’avaient édifiée. Intérieurement, elle admirait l’image harmonieuse que formait sa silhouette jointe à celle de Marc quand, par hasard, ils stationnaient dans le champ d’une glace.

Presque chaque jour, matin ou soir, ils sortaient ensemble. Tantôt, leurs pas les conduisaient, à travers la plaine, vers un village qu’ils parcouraient ou qu’ils contournaient pour revenir en empruntant la route de Quimper, et tantôt ils gagnaient un étroit cours d’eau dont les rives,