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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Tout incident qui soulignait la jeunesse d’Hélène lui était cher comme au fiévreux la fraîcheur de l’eau, la pulpe juteuse d’un fruit tendre. Il était à Paris depuis quelques jours quand l’occasion se présenta de conduire les siens dans un salon d’une renommée parfaitement assise et surtout réputé difficile d’accès. La saisir fut pour lui question d’amour-propre : il n’était rien dont se grisât plus délicieusement cet homme laborieux et modeste que du plaisir de figurer dans une compagnie où le mérite de la naissance éclipsait les autres.

Hélène fit donc devant Michel ses seconds débuts, à quelque quinze ans des premiers. De ceux-ci, régentés par un protocole qui répandait sur les ébats d’une jeunesse contrainte comme une atmosphère de couvent, elle n’avait retiré qu’un ennui sans bornes. Aujourd’hui, la danse la charmait. Quelques leçons l’avaient rompue à ces pas modernes dont l’anarchie complète si bien pour le philosophe celle de la peinture et des lettres. Elle les avait consciencieusement répétés chez elle, puis, sur le point d’en témoigner publiquement sa science, elle avait désiré que Marc la guidât. Des compliments et des sourires les saluèrent, unis. Un mari et sa femme, une mère et son fils, soudain piqué de bonhomie dans sa corruption, le monde s’attendrit à les voir, pour lui s’exhale de pareils couples, une vertu touchante et comme une odeur d’honnêteté. Aucune parure n’eût assuré le succès d’Hélène avec autant de certitude que