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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

sortit de la cabine, précédant sa fille, et fit signe à Marc d’y entrer.

Comme elle venait de se rasseoir, l’enfant auprès d’elle :

— Tiens, vous voilà ! fit-elle, polie, sans nul empressement, en recevant sur son épaule une main maigre et brune dont l’index, une seconde, en lissa la chair, près de la bretelle du corsage. Elle est donc terminée, cette cérémonie !

— Oui, et vraiment je vous assure que c’était très bien !

Le commandant secoua la tête, embrassa sa fille et s’étendit à même le sol avec précaution, après avoir consolidé, d’un geste habituel, ses vastes lunettes à verres jaunes.

— Oh ! je n’en doute pas ! dit Hélène. Vous, dès l’instant qu’il est question de pompes religieuses, on vous voit toujours satisfait !

Son mari négligea cette observation.

— Mais quel besoin aviez-vous donc reprit-elle soudain, d’aller au baptême de cette barque ?

— C’était ma place, ma chère petite ! dit le commandant, avec ce rien de péremptoire, cet accent trop digne qu’emploient les hommes d’un certain âge envers leurs amours, sans s’aviser qu’il indispose et blesse les jeunes femmes. Tout le monde sait ici que je suis marin. En m’abstenant de prendre part à cette petite fête, j’aurais eu l’air de dédaigner d’honnêtes et braves gens…

— Ainsi donc, fit Hélène, la barque est bénie ! Est-ce vrai demanda-t-elle d’une voix moqueuse,