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m’y connais. Bien souvent, il m’arrive de stationner devant les étalages des couturiers ; aussi mon compliment, pour humble qu’il soit, n’est-il pas tout à fait l’hommage d’un profane. Hélas ! je vois à votre sourire qu’il vous toucherait davantage s’il vous était rendu par un cavalier plus décoratif. Ne vous défendez pas ; je sais ce que vous pensez. Un compliment fait toujours plaisir. Encore est-il mieux venu d’un aimable complimenteur. Mais la galanterie d’un gros monsieur n’est guère agréable aux petites oreilles. Bah ! bah ! laissez donc, ne protestez pas, vous savez bien que je dis vrai. Et puis j’ai l’habitude : ni plaire ni déplaire, être tenu à l’écart des jeux du flirt, amuser les coquettes et rassurer les maris, c’est, à présent, notre sort à nous, les trop vastes galants, les bons gros que toutes aiment bien et qu’aucune n’aime tout court.

Tout cela est d’aujourd’hui, madame, tout cela c’est nouveau, soyez-en certaine.