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Avez-vous observé que, sur quatre hommes réunis autour d’un tapis de cartes, il en est toujours un que son épouse accompagne ? Un, vous dis-je, un seul, jamais deux ! Pourquoi ? On n’en sait rien, pas plus qu’on ne saura jamais pour quelles causes mystérieuses, invariables et singulières, les gens sans place portent toujours des parapluies, pourquoi les choristes d’opéra répètent avec leur pardessus sur le bras et pourquoi les cuisiniers des hôtels s’ornent la lèvre de moustaches tombantes. C’est comme cela, et nous le devons accepter.

Ainsi votre ami contribue au maintien des bons usages : il nous amène sa moitié. La pauvre ! comme elle baisse le front… La perspective d’une soirée d’ennui dans le brouhaha des soucoupes l’accable par avance. Cela aussi, c’est classique : la femme de votre ami a des sœurs par milliers sur les banquettes de tous les cafés, dans les quatre-vingt-six départements ; ces fidèles compagnes,