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son arrivée, il sonnait chez ma tante. Elle lui a persuadé que je n’étais point dans la maison. J’étais dans une chambre voisine ; j’ai tout entendu…

Elle rit nerveusement. Mais, de ses petites mains, elle pétrissait son mouchoir et je voyais, lorsque nos regards se croisaient, qu'elle était bien près d’éclater en sanglots. Elle se contint pourtant, sembla hésiter, puis finit par dire :

— C’est un misérable et un imbécile par-dessus le marché. Il ne s’est même pas douté que je pouvais être là, de l’autre côté d’une porte, et il a tranquillement sorti, pour le faire admirer à tante Claudie, son précieux cœur d’homme, son cœur à deux compartiments bien clos et bien étanches, l’un pour l’égoïsme, l’autre pour la vanité…

— Au fond, dis-je, vous l’aimez encore.

— Si je l’aimais, je n’aurais pas couru le risque d’entendre ce que j’ai entendu. C’est fini.