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je vois les tapis épais, le divan, les livres ; cela me semble beau comme les châteaux des romans, beau comme les intérieurs qu’on imagine et que remplit un silence calfeutré. Souvent, je pense à cela, le matin, dans les chambres d’hôtel, en versant l’eau du triste broc de faïence, et je renifle pour ne pas pleurer.

Pour revenir, je vous parlais de mes amis. De pressentir les dangers de l’aventure où je m’engageai, m’attachait davantage aux témoins de ma béate et confortable félicité.

— Allons, c’est dit, pensai-je, j’irai les rejoindre ce soir, ou mieux : à l’instant même…

Je commençai à m’habiller. On sonna.

C’était elle, très calme :

— Mon mari est revenu, dit-elle.

— Ah !

— Il n’a pas hésité… Une demi-heure après