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Tout le long du voyage, et durant la traversée, je lui avais fait une cour empressée et plaintive. Hélas ! sans éloquence ! Je ne trouvais en moi que des mots plats, ainsi que les traversins d’un hôtel meublé. C’est le langage de l’amour véritable, et je le parlais pour la première fois…

À présent que je juge les choses avec un peu de recul, je me demande comment, en l’espace de trois heures, un homme peut aller passer d’une brave, simple et saine concupiscence à ces transports de calicot élégiaque. Cela est pourtant. Vous me direz que cela se rencontre surtout dans les romans. Mais vous vous trompez si vous croyez qu’il en va autrement dans la vie.

J’en puis parler, moi, qui après dix années d’une camaraderie sans arrière-pensée, durant lesquelles cette femme ne m’avait pas plus caché les recoins de son âme que le creux de ses aisselles, j’en devins amoureux entre l’heure du thé et celle du dîner ! À cinq heures, elle eût pu sortir