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IV


D’abord les drogues. J’ai pris des pilules répugnantes à la vue comme des yeux de chats étranglés, puis un liquide, qui avait l’odeur de la boue et le goût de l’huile de lampe. J’y gagnai une maladie de foie et un teint de citron. Jamais, depuis lors, je ne passais devant une pharmacie, sans qu’une sueur froide ne me coulât entre les omoplates. Cependant, je croyais avoir maigri : illusion d’optique, due à la couleur de ma peau, flétrie par le poison… La bascule aveugle que je consultai ne s’y trompa point ; j’avais pris deux kilos d’une graisse jaunâtre, qui, heureusement, fondit aux premières chaleurs.