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dences du mari et les larmes de l’épouse. Car il va sans dire que mon gaillard n’avait pas tardé à prendre ses ébats.

On peut me rendre cette justice que je faisais bien mon métier de troisième à la paire. Madame se doutait bien de l’inconduite de Monsieur. Pourtant elle dut toujours, grâce à moi, s’en tenir à des soupçons. Elle m’interrogeait fort adroitement ; elle cherchait, non sans adresse, à me faire traverser les alibis de son volage époux. En vain ! Non seulement je ne trahis jamais le secret de ses confidences. Mais, avec un scrupule qui ne m’honore point, je mis sans cesse au service de ses mensonges et de sa débauche la rassurante naïveté de ma grosse figure. Pourtant j’en savais long. Car il appartenait à cette sorte de polissons qui ne peuvent retrousser une cotte sans convier au partage de leur joie toutes les personnes environnantes — à l’exception de la seule intéressée, bien entendu.