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eunuque ! Vous pouvez imaginer l’état où je me trouvais, moi, dévoré d’amour, seul avec elle, à minuit, dans un hôtel où tout dormait de l’heureux sommeil provincial. La coquette s’arrangea de toutes manières pour me rendre fou. Il y a des choses qu’un galant homme ne saurait exprimer autrement que par allusion. Je dirai seulement que, dès le début de cet entretien, ma vue ne fut pas moins comblée que mon odorat.

Par l’échancrure de son peignoir, qui était couleur de printemps, mes yeux plongeaient vers le demi-jour d’un vert ambré, où ses seins palpitaient ainsi que deux oiseaux sous un transparent rideau de feuillage. Ce que je voyais m’aidait à imaginer le reste, tandis que, chauffé par l’ardeur secrète de son corps, le parfum de la bien-aimée s’exhalait avec plus de finesse et de force capiteuse.

L’homme est ainsi fait que ses sens, malgré lui, se piquent entre eux d’une constante émulation. La vue se réjouissait, l’odorat se délectait ; le toucher