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geante certitude du mari, les lettres de l’un, les demi-tendresses de l’autre et toute cette complication passionnelle et ces façons de théâtre, oui monsieur, tout cela épuise mes facultés d’intrigue. Je me suis, ces jours derniers, demandé sérieusement, si le mieux, pour nous tous, n’était pas que je m’en allasse n’importe où, sans adieux et sans explications.

Pendant une heure j’ai lutté avec moi-même, debout et stupide dans ma chambre, sans faire un mouvement, nez à nez avec mes bagages posés sur le lit. J’ai failli l’emporter. Mais je me suis donné, pour attendre encore, de bonnes raisons ; et puis j’étais à bout de forces, privé de sommeil, horripilé par la perspective d’une nuit en wagon. Dans le silence nocturne, j’ai hoché la tête, puis j’ai déboutonné mon gilet sur mon ventre de gros homme que l’on croit résigné.

Alors, une fois de plus, j’ai pris conscience de