Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas restée deux minutes seule avec moi. Nous allons, comme d’ordinaire, faire chaque matin notre promenade le long des allées Cantinelli. Aucun risque pour elle, naturellement ! Après cela, nous nous voyons aux repas, et, dans le hall, à l’heure du thé. Quant à m’ouvrir sa porte, bernique ! Elle fait mieux : elle agace mon désir de toutes les manières, et des pires. S’il m’arrive de frapper chez elle, elle me crie :

— Allez-vous en. N’ouvrez pas ! Je viens de me déshabiller. J’ôte ma chemise !

Comme je vous le dis ! Je me demande alors, en me balançant d’une jambe sur l’autre sur le palier, le front baissé, comme un taureau, si je ne vais pas enfoncer d’un coup d’épaule, ces deux planches de sapin et empoigner ma damnée femmelette par la taille pour la jeter sur son lit. À la dernière minute, le courage me manque toujours et je m’en vais d’un pas morne dans ma chambre.