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Si je me croyais un méchant garçon, je saurais pourquoi la pitié que j’ai du mari n’arrive pas à vaincre le désir que j’ai de l’épouse. Mais je me connais. Je suis sans cruauté : un bon gros, oui vraiment. Eh bien, le bon gros se moque à présent des souffrances d’autrui. Tout ce que cet homme peut endurer n’a sur moi d’autre effet que d’exaspérer mon envie de lui prendre, une bonne fois, sa femme. Allez donc expliquer ça ?

Est-ce jalousie ? est-ce impatience ? Ma foi je ne cherche plus. J’en ai une faim de brute. Au point où j’en suis avec vous, monsieur, j’aurais tort de vous rien cacher. Sachez donc que j’en arrive à rechercher le moyen de la surprendre une nuit, à l’attirer dans ma chambre ou dans quelque endroit écarté, sur le port, en fiacre, n’importe où, monsieur ? Oui. Cela ne peut durer.

Hélas ! les gros hommes savent rarement dissimuler. Elle devine fort bien mon jeu et elle s’arrange en conséquence. Depuis quatre jours elle