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II


Ce matin je vous ai rencontré. Vous lisiez votre journal, près du bassin des chalutiers. Une belle matinée d’avril, n’est-ce pas, monsieur ? C’est un grand plaisir que de flâner au printemps, dans un port comme le vôtre, où les voiles de toile brune ressemblent à des socs rouillés ; on n’entend que le bruit des sabots, et le clapotis des barques attachées aux anneaux du quai. Tout le monde semble heureux de vivre. Vous aviez vous-même, ce matin, l’air bien content.

Vous m’avez vu ? Je m’en doutais, mais je n’osais vous le dire… Oui, la personne qui m’ac-