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élue qu’un profil césarien s’accommode fort bien d’une bulbeuse paire de joues et d’un cou de déménageur. Ne raillez pas, monsieur. Même à présent, je ne trouve pas la chose si déraisonnable. Quand on tient l’arc de Cupidon il faut faire flèche de tout bois, surtout lorsque le bois n’abonde point. Voyez-vous, je comprendrais le bossu amoureux qui ferait lire à sa maîtresse la vie érotique et glorieuse du maréchal de Saxe…

Je pris donc le parti que vous savez.

D’abord, je consacrai plusieurs jours à un savant travail de préparation. J’achetais Suétone, que je lisais le soir dans mon lit. J’y faisais des allusions fréquentes, et tellement voilées, tellement vaporeuses qu’à me voir ainsi tourner autour d’un invisible pot, ma compagne ressentait une espèce de vertige. Ce furent ensuite des visites au Forum, ascensions réitérées du mont Palatin, stations prolongées sur les tièdes gradins du Colisée ; puis un soir, au crépuscule, je la conduisis