gagner un moins troublant séjour. L’austère Helvétie nous reçut. Nous n’y pûmes demeurer. Notre homme trouvait là, dans la police privée, une trop habile auxiliaire. Je vis le moment où il allait non seulement nous atteindre, mais nous devancer.
Sans compter que nous ne voyageâmes jamais à loisir. Toujours la crainte d’une surprise. Vous pensez bien qu’il ne prenait pas la peine de nous annoncer par dépêche l’heure de son arrivée. Cette attente nerveuse nous faisait des âmes de caissiers fugitifs. Le pas incertain, le regard en coulisse, nous foulions distraitement le pavé des capitales. Malgré son angoisse, ma compagne prenait une espèce de plaisir à dépister notre infatigable et diabolique poursuivant. Quant à moi cette galopade de cinéma me faisait suffoquer de colère. Dix fois par jour, je grommelais que, puisque tôt ou tard nous devions nous laisser surprendre, mieux valait en finir tout de suite, paroles dont l’unique résultat fut d’effrayer un peu plus la pauvre enfant.