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confidence de mon aventure… vous savez bien, le voyage en Orient… Ah ! l’Orient, monsieur, une poignée de confetti qu’on reçoit dans les yeux, alors qu’on n’a même pas débarqué, et que la chaloupe aux rameurs coiffés de turbans danse sur la mer. Une poignée, deux poignées de confetti ! La première là-haut, dans le soleil, sur les pierres du quai, où se débattent les mille bras nus et rôtis des Arabes, dans le fouillis des galabiehs, des tarbouches et des sandales. La seconde vous la recevez en bas, dans le flot battant des brise-lames, dans cette eau frétillante où se dispersent des braises roses, des écailles dorées, des cassures d’ardoise et des morceaux de ciel. Si mon aversion pour les voyages devait fléchir un jour, ce serait en souvenir de ce pays-là.

C’est là-bas que j’ai connu toutes les rigueurs et les heureuses surprises du fanatisme culinaire. Quand vous avez une fois avalé, par mégarde, un hachis au suif de kébab, c’est un goût que vous