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Stanislas, et un géant[1]. On citait comme une merveille les gants de ce dernier, déposés dans la bibliothèque ; mais qui me garantira qu’ils étaient du géant ? Ce qui m’a frappé davantage, c’est une mâchoire qui a cinq pouces deux lignes de la partie externe de chaque condyle à l’autre, et cinq pouces et demi de la partie antérieure et moyenne du menton, à la partie moyenne d’une ligne qui prendrait d’un condyle à l’autre.

Dom Calmet, que les gens superficiels ne connaissent que par ses vampires[2], mais qui aura toujours l’estime des érudits, est inhumé dans l’église. Sa mémoire est en vénération dans une contrée qu’il édifia par ses vertus[3]. Sur son tombeau sont deux épitaphes ; la meilleure est celle qu’il s’était préparée lui-même :

Multa legi, scripsi, utinam bene.

Voici la seconde :

Hic tenui tumulatur humo, fit vermibus esca,
Ut miserum vulgus scriptis super œthera notus.
Heu ! si mortales possent subducere letho
Doctrina, ingenium, pietasque, fidesque,
Nomen et ipse suum vixisset funeris expers.

Voltaire, qui avait demeuré quelques temps à Senones, lui en fit une autre, que je ne me rappelle pas avoir lue dans le recueil de ses œuvres.

Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre,
Son travail assidu perça l’obscurité,
Il fit plus : il les crut avec simplicité
Et fut par sa vertu digne de les entendre.

Dom Calmet eut pour successeur, à l’abbaye de Senones, son neveu dom Fangé, à qui nous devons quelques écrits,

  1. Né au Ménil, canton de Senones.
  2. Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les Revenants de Hongrie, de Moldavie, etc., nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée, 2 volumes in-12, Senones, Joseph Pariset, 1759.
  3. Nos lecteurs liront sûrement avec un vif intérêt l’ouvrage sous le titre suivant, que la société royale des sciences, lettres, arts et agriculture de Nancy, juste appréciatrice des immenses services rendus par dom Calmet à l’étude de notre vieille histoire de Lorraine, vient de couronner :

    Éloge historique de dom Calmet, abbé de Senones, par L. Maggiolo, in-8o, 130 p., Nancy, Grimblot, Thomas et Raybois, 1839.