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le citoyen Stuber, dont l’épouse est morte à Waldersbach. Sur son tombeau est une inscription dont j’ai oublié le texte, mais qui finit par cette idée : « son mari, qui lui a érigé ce monument, est incertain s’il doit s’affliger davantage du malheur de l’avoir perdue que s’honorer du bonheur de l’avoir possédée. »

DONON. Dans les mémoires de l’académie des inscriptions est une dissertation curieuse de Montfaucon[1] sur les antiquités du Donon ou Thonon, l’une des plus hautes montagnes des Vosges. L’inscription qu’il indique et les figures subsistent encore ; mais combien j’ai regretté que le gouvernement n’ait jamais fait recueillir une foule de statues éparses sur le contour de cette montagne et qui bientôt disparaîtront sous les broussailles. Là, gissent dans l’ombre et le silence les restes de la vénérable antiquité. Ces statues mutilées sont d’une assez mauvaise sculpture ; mais des ouvrages de ce genre sont utiles pour la chronologie, l’histoire de l’art, la connaissance des costumes. Et ne voit-on pas journellement les artistes visiter cette belle collection du moyen-âge, rassemblée au dépôt des Petits-Augustins par les soins du citoyen Lenoir ?

SENONES. Dans le château des ci-devant princes de Salm, était une bibliothèque peu nombreuse, mais composée de livres rares et de magnifiques éditions. La bibliothèque des bénédictins était bien plus considérable ; on y remarquait entr’autres le manuscrit original de Richerius[2], dont une partie seulement a été imprimée dans le spécilège de Dacheri. Ce manuscrit précieux a disparu dans le cours de la révolution.

La principauté de Salm, dont Senones était le chef-lieu, a produit un nain[3], c’est Bébé, qui était à la cour de

  1. Lisez don Mabillon. La dissertation citée par l’abbé Grégoire est intitulée : Discours sur les anciennes sépultures de nos rois. L’auteur avoue qu’il doit la plus grande partie de sa notice à une lettre de M. l’abbé de Moyenmoutier à M. Alliot, insérée dans le journal des savants de l’année 1693, page 74 de l’édition in-4o.
  2. Moine de Senones qui vivait sous le duc Thiebaut i, en 1212, et qu’il ne faut pas confondre avec une autre Richerius, moine de St-Remi de Rheims, contemporain du célèbre Gerbert, auteur d’une histoire imprimée dans le dernier volume des historiens d’Allemagne qui vient d’être publié par M. Pertz.
  3. Nicolas Ferri, connu sous le nom de Bébé, né à Plaine, canton de Saales, le 14 octobre 1741, décédé à Lunéville le 9 mai 1764.