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LE BALLON. Sur cette montagne nous avons trouvé le doronic, la gentiane, la bistorte, le napel et une joubarbe dont la fleur est très-jolie. La nature brute nous offre bien des fleurs à qui nous n’avons pas encore fait l’honneur de les admettre dans nos partères (sic) ; et qui cependant les décoreraient, telles sont la digitale, l’épilobium, le parmica, la salicaire et plusieurs vermiculaires, etc. Elles sont belles dans l’état sauvage ; que sera-ce lorsqu’une culture suivie en aura développé les couleurs ?

Beaucoup de montagnes sont actuellement sans végétation, parce qu’étant taillées à pic, et leurs escarpements s’approchant de la perpendiculaire, les pluies ont délayé l’humus et l’ont amené dans les vallons ; au lieu que la cime du Ballon, la plus haute montagne des Vosges, élevée d’environ 600 toises au-dessus du niveau de la mer, couverte d’excellents paturages, déploie avec majesté sa vaste surface.

Le marquis de Pezay, dans ses Soirées alsaciennes, helvétiennes et franc-comtoises, parle de la route qui, venant de Remiremont, traverse cette montagne et descend en Alsace, comme d’un chef-d’œuvre, mais en observant qu’elle est la plus inutile de France. La pente est tellement ménagée qu’un cheval peut y galoper, soit à la montée, soit à la descente. On tourne sept à huit fois le dos à Giromagny pour y aller. Le génie a déployé bien des ressources dans cette construction ; mais le côté des vallées n’est pas assez épaulé, les talus qui descendent trop brusquement commencent à s’ébouler. Cette route à coûté, dit-on, trois millions. Avec le tiers de cette somme, peut-être pouvait-on l’exécuter en la faisant filer, autant qu’il était possible, dans les vallées ; elle eût été moins longue, moins dispendieuse et le peuple eût été moins vexé.

Du haut du Ballon, l’œil s’égare dans les plaines de l’Alsace, la Franche-Comté, sur les montagnes de la Souabe, de la Suisse, etc.

GIROMAGNY. Le travail des mines y avait repris son activité. Au pied de la côte on a pratiqué une ouverture pour rejoindre un filon d’argent qu’on assure être très-riche.

Autrefois, dans ce bourg, on travaillait le granit, mais l’entreprise était abandonnée quand nous visitâmes cette contrée. À la Mouline, en deçà du Ballon, sur la route.