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PŒUF.

— Nous nous reverrons, Pœuf… Tu ne mourras pas… Je ne veux pas que tu meures… Je ne veux pas… Je ne veux pas.

Et je fondis en larmes, à mon tour, — tant le don inattendu de la clarinette m’avait impressionné, tant je sentais d’affection en Pœuf, d’affection et de douleur concentrées.

— Tiens ! tu as bien fait de tuer Barrateau, m’écriai-je.

— Oh ! le bon p’tit ! répéta-t-il, — le bon p’tit !

Sa barbe tremblait.

— Voulez… voulez-vous que j’vous dise ? me demanda-t-il alors, les dents serrées.

— Oui, Pœuf.

— Eh ben, toutes les femmes sont des coquines.

Je rougis immédiatement, saisis, à travers ma perturbation et la naïveté de mon âge, qu’une femme avait dû lui causer de réels chagrins ; mais la pensée de Marie me survenant, je protestai :

— Oh ! non, Pœuf, pas toutes… pas toutes !

— Vous verrez plus tard si je vous mens ! répliqua-t-il.

— Vous verrez !

— Allons, monsieur André, partons ! fit Chassagnol.

— Vous verrez !… Vous verrez ! continuait Pœuf, de plus en plus à son idée.