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PŒUF

Nous nous aimions, sans nous l’être déclaré, — la chose était certaine, visible, et, par un accord tacite, aussitôt réunis maintenant, nous n’avions qu’un but : celui de rechercher des tête-à-tête. André ! Marie ! où sont-ils donc ?… Pfft !… disparus ! dans le jardin ou sur la véranda lorsqu’on nous croyait au salon, et au salon si on nous appelait d’une terrasse. Nous jouions, causions, nous embrassions sous les plus fallacieux prétextes, — c’était tout ! — mais, quelles extases simples ! quelle inexpérience ! — Je l’avais invitée à nous rejoindre à la campagne, au Camp-Jacob, quand nous irions.

Nos parents s’étaient aperçus de notre cordialité amoureuse, et ils en badinaient de fois à autre. Marie rougissait, moi aussi, souvent ; mais nous ne partions de là ni pour nous refrogner, ni pour moins nous chérir.

— Vous verrez que nous serons obligés de les marier ! avait dit mon père à l’ordonnateur, une après-soupée.

— Ça ferait un drôle de ménage ! s’était jovialement écrié celui-ci.

Nous avions battu des paupières, Marie et moi ; mais, derrière leurs dos, ma petite camarade avait murmuré :

— Certainement que nous nous marierons, n’est-ce pas ?