Page:Hennique - Pœuf, 1899.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
PŒUF

— Et ça ?… et ça ? et ça ? répétai-je, coup sur coup, en lui montrant tantôt des fleurs, tantôt un arbre.

Elle ne s’abusa point une fois. J’étais aussi charmé d’elle que mécontent de mes premiers essais de supériorité.

— Si nous nous amusions à qui sautera le plus loin ? dis-je, de guerre lasse.

Mais elle secoua négativement la tête :

— Il fait trop chaud.

Je la dévisageai, elle souriait ; et nous continuâmes notre promenade vers le bassin, dont les eaux nous apparurent toutes lamées de reflets écailleux.

Il y avait un banc, auprès du bassin, à l’ombre d’un camaïtier, nous nous assîmes, et là, bien à l’ascension poudroyante du jet d’eau, tandis que deux canards huppés nageaient, plongeaient, battaient des ailes sous la pluie fine qui tombait, nous demeurâmes un instant béats, un peu étourdis.

— Je suis contente que tu sois venu ! me dit pourtant Marie.

— À cause ? demandai-je, en rabotant de mes souliers le sable de l’allée.

— Mais, André, parce qu’on ne te voit pas souvent.

— Alors, m’écriai-je, très jaloux de la phrase