Page:Hennique - Pœuf, 1899.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
PŒUF.

C’était en effet Pœuf. Escorté de soldats, de gendarmes, il marchait front baissé, d’un pas ferme, les cheveux nus, en veste, avec sa giberne. Sa barbe lui cachait la poitrine.

Je tremblais tellement que ma branche s’agitait à cette heure par secousses brèves et menues.

On conduisit Pœuf au poteau, à ce poteau d’aspect irrésolu dont je n’avais d’abord point saisi l’opportunité ; et, s’approchant, un officier, un jeune homme, déploya un papier, le lut à haute voix. J’entendis : Napoléon, par la grâce de Dieu… salut… condamne… militaire… peine de mort.

Pœuf n’avait pas bougé.

On lui donna un fusil ; les boutons de sa veste, un à un, sa giberne lui furent arrachés ; d’un geste dur, on lui ôta son fusil, après l’avoir fait basculer ; — puis on l’en frappa aux reins, brusquement.