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PŒUF.

jappait, quêtait, fouillait les buissons, débusquait des volées de petits oiseaux roux.

Nous gagnâmes un chemin de traverse, le long d’une plantation de caféiers ; puis, comme j’éternuais, un clairon sonna le réveil, au loin.

— Hop ! mon toutou, dépêchons-nous ! m’écriai-je aussitôt.

Et je me précipitai en avant, — pour ne point arriver trop tard. Les caféiers fuyaient, sur ma gauche ; nous galopâmes entre deux champs de cannes à sucre ; on traversa, presque en sautant, un terrain en jachère où, mêlés à un gazon dru, fleuri, haut, se hérissaient des cactus, des ananas sauvages, des raquettes ; — et je ne fis halte qu’au pied d’un mur blanc qui, badigeonné de soleil, s’allongeait à ne plus finir. C’était le mur du polygone ; c’était derrière ce mur que s’apprêtait la mort de Pœuf. Un court frisson me poignit les vertèbres.